Asthme allergique : la recherche pour le développement d’un vaccin avance

, par  Constance Perin

C’est une bonne nouvelle pour la centaine de millions de personnes touchées par l’asthme allergique à travers le monde. Selon les résultats d’une étude publiés dans la revue Allergy, un vaccin a été jugé efficace sur des souris « humanisées ». Une nouvelle étape pour la recherche, qui pourrait bien ouvrir la voie vers l’organisation d’un essai clinique chez l’humain.

Depuis plusieurs années, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’université Toulouse III-Paul Sabatier, au sein du laboratoire Infinity (Institut toulousain des maladies infectieuses et inflammatoires), mais aussi l’Institut Pasteur et l’entreprise française NEOVACS, travaillent sur le développement d’un vaccin pour soigner les personnes atteintes d’asthme allergique. Et leurs recherches s’accélèrent ! De nouveaux résultats viennent en effet confirmer l’efficacité d’un vaccin « pour produire des anticorps capables de neutraliser des protéines immunitaires humaines clés dans le déclenchement de l’asthme allergique, les cytokines IL-4 et IL-13.  », confirme l’Institut dans un communiqué.

Un vaccin efficace sur des souris « humanisées »

Concrètement, chez les personnes allergiques, l’exposition aux acariens et autres allergènes « déclenche une surproduction d’anticorps appelés immunoglobulines E (IgE) et de protéines appelées « cytokines de type 2 » (en particulier les interleukines IL-4 et IL-13) dans les voies aériennes.  ». L’objectif pour les scientifiques est donc de développer un vaccin capable de neutraliser ces protéines immunitaires.
Après une première recherche où le vaccin avait été jugé efficace sur la réduction des symptômes de l’asthme allergique sur des souris, restait à savoir si son efficacité se confirmait sur les protéines immunitaires humaines.
Pour cela, les scientifiques ont alors testé le vaccin sur des souris dites « humanisées », c’est-à-dire sur lesquelles les gènes codant pour les cytokines IL-4 et IL-13 murines avaient été remplacés par les gènes humains respectifs. Et là aussi, « la vaccination a induit une réponse anticorps importante  », se réjouit l’Institut. Cette étude apporte donc « une preuve de concept de l’efficacité du vaccin pour neutraliser des protéines humaines jouant un rôle clé dans l’asthme allergique  » confirme le directeur de recherche Inserm, Laurent Reber.

« Un espoir de traitement à long terme »

Cette étape représente un réel espoir pour les 2 millions de personnes touchées par l’asthme allergique en France. Aujourd’hui, le traitement de cette maladie chronique qui provoque l’inflammation des bronches et une gêne respiratoire passe par l’inhalation de corticoïdes. Mais cela ne suffit pas toujours, obligeant les personnes à avoir recours à des traitements par anticorps monoclonaux thérapeutiques ; des médicaments «  très onéreux et contraignant les patients à effectuer des injections pendant des années, voire tout au long de leur vie  », précise l’Inserm.
Pour les patients, cette étape franchie ouvre donc la voie à de nouvelles perspectives : « Une vaccination contre l’asthme allergique représente un espoir de traitement à long terme de cette maladie chronique, et au-delà, une perspective de réduction des symptômes d’allergie liés à d’autres facteurs, puisque ce vaccin cible des molécules impliquées dans différentes allergies », souligne Pierre Bruhns, responsable de l’unité Anticorps en thérapie et pathologie à l’Institut Pasteur.
Aujourd’hui, la mise en place d’essais cliniques chez l’humain est à l’étude.

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