Les résultats de la 6e enquête nationale périnatale, menée auprès de 13 404 femmes (12 723 en métropole et 681 femmes dans les départements et régions d’outre-mer) en mars 2021, ont été dévoilés le 6 octobre par Santé publique France et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Depuis près de 30 ans, ces enquêtes sont réalisées régulièrement afin « de fournir des indicateurs fiables qui permettent de surveiller l’évolution de la santé périnatale et d’orienter les politiques publiques relatives à la prévention et à la prise en charge au cours de la grossesse, de l’accouchement et de la période de post-partum en France ». À la différence des études précédentes, la nouvelle version prend en compte le suivi deux mois après la naissance de la mère et de l’enfant. Elle s’est aussi déroulée durant de la troisième vague de la pandémie de Covid-19 : « Ce contexte particulier doit être pris en compte pour l’interprétation de certaines évolutions présentées dans le rapport », précisent les auteurs.
En mars 2021, 𝟭𝟮 𝟳𝟮𝟯 𝗺𝗲̀𝗿𝗲𝘀 ont été interrogées sur leur #santé et celle de leurs nouveau-nés, leur #grossesse et #accouchement. 𝟲𝗲 𝗘𝗻𝗾𝘂𝗲̂𝘁𝗲 𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲 𝗽𝗲́𝗿𝗶𝗻𝗮𝘁𝗮𝗹𝗲 : les résultats sont en ligne #ENP2021
Pour en savoir➕https://t.co/F8soe5EgO2 pic.twitter.com/arPOvuRYB1
— Inserm (@Inserm) October 6, 2022
Des mères plus âgées
Les enquêteurs se sont tout d’abord intéressés aux mères et notamment à leur âge au moment de leur accouchement. Sans surprise, le « report des naissances à des âges maternels plus élevés (déjà observée depuis plusieurs décennies) se poursuit ». La part des femmes âgées de plus de 35 à 39 ans est de 24,6 % en 2021 contre 21,1 % en 2016. Elles sont également plus souvent en surpoids ou en situation d’obésité. « En 2021, 23 % des femmes interrogées étaient en surpoids et 14,4 % obèses, contre respectivement 19,9 % et 11,8 % en 2016 », notent les auteurs de l’étude. Ils révèlent également une augmentation du niveau d’études. En 2021, 59,4 % des femmes enceintes ont un niveau d’études supérieur au baccalauréat (contre 55,4 % en 2016) et 22,3 % un niveau bac + 5 ou plus (contre 17,9 % en 2016).
L’importance de la prévention
Du côté du suivi de la grossesse, ce sont toujours les gynécologues-obstétriciens qui demeurent les professionnels les plus consultés même si 40 % des femmes ont fait appel à une sage-femme pour effectuer la surveillance périnatale dans les six premiers mois. Ces contrôles sont importants pour mettre en œuvre des mesures pour assurer la santé des mères et des bébés à naître. On observe par exemple une baisse de la consommation de tabac au troisième trimestre de grossesse avec 12,2 % de femmes qui déclaraient fumer en 2021 contre 16,3 % en 2016. Mais il reste encore des axes d’amélioration, comme pour la prévention des anomalies de fermeture du tube neural – un développement incomplet de la colonne vertébrale ou une absence de voûte crânienne – : seules 28,3 % des femmes commencent à prendre de l’acide folique (vitamine B9) en supplément avant la grossesse, comme cela est recommandé. En ce qui concerne la prise en charge le jour J, à l’exception du déclenchement du travail qui augmente (25,8 % contre 22 % en 2016), « la tendance est à une diminution du recours aux interventions visant à accélérer le travail et à une moindre médicalisation de l’accouchement », précise l’enquête. En moyenne, la durée de séjour à la maternité continue aussi de diminuer. Il est de 3,7 jours en 2021 (contre 4 jours en 2016).
La question du consentement aux soins soulevée
Dans les deux mois qui suivent la délivrance, les enquêteurs notent que 16,7 % des femmes présentent des symptômes suggérant une dépression post-partum, « sans qu’il ne soit possible de dire quel est le lien avec la dégradation de la santé mentale de la population générale pendant la pandémie », précisent-ils. De plus, 15,5 % des femmes disent avoir vécu difficilement ou très difficilement leur grossesse et 11,7 % avoir un mauvais voire très mauvais souvenir de leur accouchement. Environ 10 % rapportent aussi avoir été confrontées à des paroles ou attitudes inappropriées de la part des soignants pendant leur grossesse, leur accouchement ou lors du séjour à la maternité et 6,7 % à des gestes inappropriés. « Des progrès doivent être réalisés pour obtenir le consentement des femmes avant la réalisation des actes et interventions lors de la grossesse et de l’accouchement », constatent les auteurs. Toutefois, plus de 90 % des mères s’estiment « satisfaites » voire « très satisfaites » de leur prise en charge médicale durant leur suivi de grossesse et en salle de naissance.