À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, qui a lieu chaque année le 24 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle, dans un communiqué, à investir sans plus tarder dans la lutte contre cette maladie dévastatrice et pourtant guérissable. Son directeur général, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a insisté, dimanche 21 mars, sur le fait qu’il était urgent de « concevoir les services et les outils les plus innovants pour prévenir, détecter et traiter la tuberculose et en élargir l’accès, car ils peuvent sauver des millions de vies chaque année, réduire les inégalités et éviter des pertes économiques colossales ».
Hausse du nombre de décès dus à la tuberculose
« Certes, 66 millions de vies ont été sauvées depuis 2000, rappelle-t-il, mais la pandémie de Covid-19 a mis un frein à ces progrès. C’est ainsi que pour la première fois en plus de dix ans, le nombre de décès imputables à la tuberculose a augmenté en 2020. »
La tuberculose tue davantage à cause de la Covid-19 : « La tuberculose a tué 100 000 personnes de plus que l’année précédente en 2020, ce qui ne s’était pas vu depuis l’année 2000, d’après l’Organisation mondiale de la santé. » @paimadhu https://t.co/nE10X9itW1
— Dre Joanne Liu (@DreJoanneLiu) February 5, 2022
La dégradation de la situation mondiale contribue de surcroît à sa résurgence. « Les conflits qui font rage en Europe de l’Est, en Afrique et au Moyen-Orient viennent encore aggraver la situation des populations vulnérables », prévient l’OMS.
Une maladie que l’on croyait bientôt disparue… et qui revient
En France, cette maladie pulmonaire très contagieuse avait presque disparu, grâce, notamment, à l’amélioration des conditions sanitaires, au développement du BCG (qui protège les enfants des formes graves) puis à celui des antibiotiques. Mais elle a fait petit à petit son retour dans les milieux les plus défavorisés, notamment dans certains territoires (Seine-Saint-Denis, Guyane, Mayotte), parmi les plus précaires (migrants, SDF, détenus). En 2020, 4 606 cas ont encore été déclarés dans l’Hexagone, soit une incidence de 6,8 cas pour 100 000 habitants.
Tirer les leçons de la pandémie
Puis, la Covid-19 a tellement perturbé les services de santé qu’elle en a presque fait oublier les autres menaces. La Journée mondiale du 25 mars remet en perspective la nécessité d’investir davantage de moyens pour combattre la tuberculose. Cela profitera « non seulement aux personnes atteintes de la maladie, mais aussi aux systèmes de santé et à la préparation aux pandémies », note l’OMS, avant d’ajouter : « En s’appuyant sur les leçons tirées de la recherche sur la Covid-19, il est nécessaire de mobiliser les investissements et les actions visant à accélérer la mise au point de nouveaux outils, en particulier de nouveaux vaccins contre la tuberculose. »
Des budgets insuffisants
Les dépenses mondiales consacrées aujourd’hui au diagnostic, au traitement et à la prévention de la tuberculose sont largement insuffisantes face à l’enjeu. Elles représentaient, en 2020, moins de la moitié de l’objectif mondial de 13 milliards de dollars par an d’ici 2022. De 2018 à 2020, 20 millions de personnes avaient reçu un traitement contre la tuberculose, alors que l’objectif en prévoyait le double sur cinq ans (2018-2022). Dans un même temps, 8,7 millions de personnes avaient reçu un traitement antituberculeux à titre préventif, soit 29 % de l’objectif de 30 millions fixé pour la période 2018-2022.