Journée nationale de l’audition : « Petites oreilles, grands risques »

, par  Constance Perin

C’est une première ! Le 9 mars, la Journée nationale de l’audition s’intéressera à la santé auditive des enfants de 0 à 10 ans. L’occasion de mettre l’accent sur la préservation de l’ouïe dès le plus jeune âge, mais aussi d’alerter les parents et les pouvoirs publics sur les habitudes d’écoute particulièrement néfastes pour la santé de la jeune génération.

Cette année, la 26e campagne de la Journée nationale de l’audition (JNA) du 9 mars est consacrée à la préservation de l’audition des enfants, en apportant un éclairage particulier sur celle des 0-10 ans.
À cette occasion, elle invite les parents à tester gratuitement l’audition de leurs petits dans les centres de santé du territoire, ou en ligne, sur le site www.journee-audition.org.

Les enfants, une population fragile

Alors qu’un enfant sur 1 000 naît avec une surdité profonde, les données sur leur audition font défaut. Elles ne permettent pas de réaliser une photographie représentative de l’état de la santé auditive des plus jeunes. Cependant, cette absence d’information ne doit pas occulter le sujet.
Déjà parce que les oreilles des petits, en cours de maturation, sont particulièrement fragiles.
Aussi, parce qu’à cet âge (particulièrement chez les moins de 6 ans), les otites séreuses sont fréquentes et peuvent provoquer une baisse de l’audition. Dans 25 % des cas, un médecin ORL diagnostique chez l’enfant une perte auditive (qui peut ou non être temporaire), selon les résultats d’une enquête inédite réalisée cette année par la JNA et IFOP. Enfin, détecter la perte auditive chez les moins de 7 ans peut s’avérer plus difficile du fait d’un manque de formulation claire dû à l’âge et du mécanisme naturel de compensation mis en place.

Comment détecter les troubles auditifs chez les petits ?

Il existe malgré tout plusieurs façons de détecter les problèmes auditifs. D’abord en observant le comportement : un enfant qui fixe avec attention les lèvres de son interlocuteur comme pour en décoder les mots doit alerter. En cas de doute, les parents ou les enseignants peuvent aussi facilement tester ses réponses au son, en faisant tomber un objet quand l’enfant est de dos ou en chuchotant. Enfin, un test auditif peut aussi être réalisé en ligne ou surtout auprès d’un professionnel de santé, car une détection précoce d’un trouble permettra une prise en charge rapide, et évitera également les retards de développement et d’éventuelles difficultés d’apprentissage chez l’enfant.

Des facteurs sociaux qui inquiètent

On ne le répétera jamais assez : l’exposition au bruit est néfaste pour notre santé. Elle peut être facteur de stress, de fatigue, de perte d’attention, de maux de tête et même d’agressivité. Aujourd’hui, les facteurs environnementaux sont particulièrement nocifs pour nos oreilles, et font « craindre une augmentation des surdités due aux modes d’écoute de musique et aux différentes expositions sonores  », alerte la JNA. 60 % des 15-17 ans déclarent avoir augmenté leur durée d’écoute de musique avec les écouteurs, quand 57 % affirment mettre le réglage du volume supérieur à 50 %, majoritairement pour couvrir le bruit excessif qui les entoure.

Des gestes simples pour protéger leurs oreilles

Pour protéger l’ouïe des enfants, de bons comportements sont donc à adopter, comme limiter l’usage des jouets sonores, être attentif au volume sonore en général et au temps d’écoute avec un casque ou des écouteurs (notamment pour les jeux vidéo, où certains sons, forts et soudains, sont particulièrement agressifs pour l’oreille). Il convient également d’éviter les bruits de fond en continu et de porter des bouchons ou des casques lors de concerts ou festivals.

Alerter les pouvoirs publics pour une meilleure sensibilisation

L’enquête de la JNA révèle enfin le cruel manque d’informations et de sensibilisation sur la santé auditive des enfants. Alors que plus d’un parent sur deux se disent mal informés sur les sujets de surdité et d’acouphènes, ils sont 71 % à déclarer ne pas connaître les dispositifs de vigilance liés aux troubles auditifs. La JNA entend alors, à travers ses actions et cette campagne, mieux sensibiliser les parents, mais aussi alerter les pouvoirs publics sur les risques de surdités chez l’enfant, et appelle à une réflexion sur la place accordée au suivi de l’audition dans le parcours de santé : « Le dépistage de repérage pour orientation médicale est l’outil efficace de prévention santé, affirme Sébastien Leroy, porte-parole de la JNA. Il devrait être généralisé et systématisé de manière effective à tous les âges de la vie.  »

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