L’État devrait davantage soutenir l’agriculture biologique

, par  Isabelle Coston

Alors que les bénéfices de l’alimentation bio sur la santé sont aujourd’hui prouvés, l’agriculture biologique reste insuffisamment soutenue par les pouvoirs publics, dénonce la Cour des comptes.

Dans un rapport de 350 pages publié jeudi 30 juin 2022, la Cour des comptes relève les lacunes de l’action publique à l’égard de l’agriculture biologique au travers de la politique agricole commune (PAC), voire les contradictions entre les politiques publiques via le soutien à l’agriculture de haute valeur environnementale (HVE), beaucoup moins exigeante. Lors de la conférence de presse donnée le jour de la publication du rapport, le président de la Cour, Pierre Moscovici, a indiqué qu’en raison d’un manque de soutien au développement et au maintien de l’agriculture biologique, et ce malgré une forte croissance de la production biologique depuis 2005, la consommation restait encore trop modeste. Elle a même reculé de 1,3 % en 2021.

Les bienfaits de l’agriculture biologique sur la santé

Pourtant, les bienfaits du bio, pour la santé des consommateurs mais aussi pour celle des producteurs, du fait d’une moindre exposition aux pesticides, n’est plus à démontrer. Dans un communiqué publié le même jour que le rapport des Sages, l’association France nature environnement (FNE) souligne que « les effets positifs de l’agriculture biologique sur la santé, la biodiversité, le climat y sont bien documentés et étayés par des études référencées ».
Les résultats de l’étude Nutrinet-Santé, qui suit depuis plus de dix ans les habitudes alimentaires de dizaines de milliers de Français, sont sans appel : manger bio est meilleur pour la santé. Le volet de l’étude portant sur l’alimentation bio a mis en relief des bénéfices significatifs pour les consommateurs : moins de cancers, moins de risques de surpoids ou d’obésité, moins de pesticides dans les urines« Ce constat pousse à revoir les seuils de pesticides actuellement tolérés dans l’agriculture conventionnelle », insiste le site Reporterre.

Des intérêts environnementaux, sociaux et économiques

Outre ses effets bénéfiques sur la santé humaine, l’agriculture bio contribue aussi, du fait qu’elle interdit l’usage des pesticides, à la préservation de la biodiversité, du climat, de la qualité de l’eau, de l’air, des sols, ainsi qu’au bien-être animal. Enfin, « dans un contexte de tensions géopolitiques, précise la FNE, l’agriculture biologique participe à la souveraineté alimentaire ». Afin de rompre la dépendance de la France à d’autres pays, l’association environnementale engage les politiques à revoir les modes de production et notamment l’utilisation massive d’engrais et produits de synthèse.

« Mettre en œuvre les pratiques agroécologiques »

Les sages préconisent, pour leur part, d’instaurer un système d’aides différenciées afin de privilégier le bio sur la HVE, par exemple, ou de relever le niveau d’exigences à l’égard de cette dernière. « Il faut faire en sorte que les 9 milliards d’euros pour l’agriculture française profitent le plus possible à la transition écologique », a notamment déclaré Pierre Moscovici.
De son, côté, la FNE, par la voix de sa responsable politique des questions agricoles et alimentaires, Cécile Claveirole, estime qu’« il est grand temps de mettre en œuvre réellement les pratiques agroécologiques ». Elle demande au gouvernement « de prendre en compte ses conclusions dans les dernières négociations sur la politique agricole commune (PAC) et de soutenir fortement le développement et le maintien de l’agriculture biologique en France grâce aux aides à la conversion et à la rémunération des services rendus ». Elle souhaite que soit établie « une feuille de route claire [… en regardant précisément] les moyens mis pour le déploiement de l’agriculture biologique qui devra atteindre 18 % de la surface agricole utile (SAU) à horizon 2027, comme l’ambitionne la France dans la PAC. » Actuellement, les aides représentent moins de 3 % du budget total de la PAC de la France. « Plus du quart des agriculteurs bio n’en reçoivent pas », pointe encore le rapport. Cela étant, 20 % des agriculteurs non bio n’en ont pas non plus. Et les subsides dont bénéficient les exploitants convertis au bio sont 1,6 fois supérieurs aux aides conventionnelles.

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