Dans sa nouvelle étude épidémiologique, la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France (F2RSM Psy) s’intéresse à la santé mentale des personnes détenues. Elle constate une surreprésentation des troubles psychiatriques ou liés à une addiction en milieu carcéral, révélant que deux hommes sur trois détenus en maison d’arrêt et trois femmes sur quatre sortant de détention sont concernés.
🔎Un nouveau rapport vient d'être publié ➡️ "la santé mentale en population carcérale sortante : une étude nationale" qui a pour objectif d’évaluer la santé mentale et le parcours de soins des personnes sortant de prison en France.
Pour le consulter, ici ➡️https://t.co/sUZ5b4bKJB— F2RSM Psy (@F2RSMPsy) February 20, 2023
Un état de santé mentale dégradé
À l’entrée en détention, les troubles psychiatriques sont en moyenne trois fois plus fréquents que dans la population générale, précise ce rapport réalisé à la demande de la Direction générale de la santé (DGS) et cofinancée par Santé publique France. Dans le détail, un tiers des hommes et la moitié des femmes souffrent de troubles anxieux, et un homme sur trois et une femme sur deux présentent des troubles thymiques (troubles de l’humeur, incluant la dépression). La moitié des personnes incarcérées est également concernée par un trouble lié à une substance. Une santé mentale « altérée » qui pourrait trouver son origine dans l’enfance, puisque 99,7 % des personnes interrogées déclarent avoir déjà été exposées à au moins un traumatisme (négligence ou abus) dans l’enfance et 90,1 % à au moins un traumatisme sévère.
La population féminine particulièrement touchée
Les femmes, qui ne représentent que 3,2 % des 72 809 personnes détenues en France (chiffre au 1er novembre 2022), y apparaissent particulièrement vulnérables. Plus d’une femme sur deux aurait ainsi des troubles liés à l’usage de drogues illicites, là où ils ne touchent qu’environ 30 % des hommes incarcérés.
Même constat concernant la sévérité des troubles psychiques à la sortie de prison : « 32,3 % des hommes, et plus de 58 % des femmes sont alors considérés comme modérément à gravement malades », précise l’étude.
Enfin, le risque suicidaire est estimé à 27,8 % pour les hommes, alors qu’il atteint un taux de 59,5 % pour les femmes, « avec un risque élevé estimé respectivement de 8,2 et 19,1 % », précise la F2RSM Psy.
Quel accès aux soins en prison ?
Le rapport observe enfin que pendant leur incarcération, la majorité des participants à l’étude a pu bénéficier d’au moins une consultation par un médecin généraliste (95,4 %) et par un professionnel de santé mentale comme un psychiatre, un psychologue ou un infirmier en psychiatrie (96,2 %).
À l’heure où l’élaboration de la nouvelle feuille de route 2023-2028 « Santé des personnes placées sous main de justice » fait l’objet de travaux de la part du ministère de la Santé et de la Prévention et de celui de la Justice, ces données apparaissent particulièrement utiles. Un effort devrait être particulièrement apporté à la prévention du suicide, à l’amélioration du parcours de soins en santé mentale, à la prévention et prise en charge des conduites addictives en détention et plus largement à la promotion de la santé en milieu pénitentiaire.