Selon le dernier rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur le non-recours au revenu de solidarité active (RSA), un tiers des foyers éligibles (34 %) ne demandent pas à percevoir le RSA chaque trimestre et un cinquième des personnes éligibles (20 %) seraient en situation de non-recours depuis au moins trois trimestres consécutifs. Près de 600 000 foyers fiscaux sont concernés par le non-recours. Or, « lorsque des personnes ne bénéficient pas de prestations auxquelles elles auraient droit, prévient la Drees, il existe un risque accru de pauvreté et d’exclusion, en particulier lorsque les prestations concernées sont destinées aux plus démunis ». Réduire le non-recours aux minima sociaux représente donc un levier important de lutte contre la pauvreté.
Pauvreté : une étude #Drees inédite importante. Le système statistique public n'avait pas mesuré le non-recours au RSA depuis plus de dix ans.
1 foyer éligible sur 3 ne recourt pas au RSA en moyenne chaque trimestre et 1 sur 5 durablement. https://t.co/Aw4VfN4gY1— Fabrice Lenglart (@FabriceLenglart) February 11, 2022
Quelles sont les personnes concernées ?
D’après le rapport, les publics les plus concernés par ce non-recours sont notamment les jeunes et les diplômés. En revanche, ceux qui bénéficient déjà d’autres prestations font plus souvent les démarches nécessaires pour obtenir cette aide financière. « Parmi les éligibles au RSA, 18 % des bénéficiaires d’aides au logement, 21 % de ceux percevant des prestations familiales et 16 % des allocataires de la prime d’activité n’y recourent pas, contre respectivement 57 %, 40 % et 39 % des non-bénéficiaires de ces prestations », note la Drees, qui observe « un non-recours plus important parmi les personnes en couple sans enfant, diplômées, jeunes, propriétaires, résidant dans des territoires ruraux ou en agglomération parisienne ».
Les raisons du non-recours
L’image dévalorisante de cette aide sociale versée par les caisses d’allocations familiales (CAF) pourrait expliquer cette réticence à en faire la demande. Mais c’est certainement, aussi et surtout, l’isolement des personnes, le manque d’informations et la complexité des démarches qui constituent les principaux freins d’accès. Les discours qui stigmatisent les plus précaires ou qui pointent les fraudeurs participent sans doute également de cette gêne à solliciter le RSA. Enfin, la dématérialisation des démarches administratives peut en rebuter plus d’un. Le montant moyen du RSA auquel ceux qui n’en font pas la demande pourraient prétendre, s’élèverait à 330 euros en moyenne par mois.