Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a publié, le 23 janvier, son 5e rapport annuel sur l’état du sexisme en France. Il fait état d’un constat alarmant : les attitudes discriminatoires fondées sur le sexe ne reculent pas en France, « au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées ».
✍️[ETAT DES LIEUX DU #SEXISME] Le HCE publie son 5ème rapport annuel sur l’état du #sexisme en France ➡️ https://t.co/Bik6oNRVc8
⬇️Les principaux enseignements et chiffres-clés⬇️ pic.twitter.com/KrkLwYVgVv— Haut Conseil à l'Égalité (@HCEfh) January 23, 2023
Un traitement différencié selon le sexe
Ce rapport s’appuie sur les résultats du Baromètre Sexisme, réalisé en novembre 2022, par Viavoice pour le HCE. Au total, 2 500 hommes et femmes, issus d’un échantillon représentatif de la population, âgés de 15 ans et plus, ont été interrogés sur leur perception du phénomène et sur les situations vécues par les femmes. On y apprend que 93 % des sondés estiment que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une des sphères de la société. Le travail est plus particulièrement pointé du doigt, suivi par les pratiques religieuses, les mondes de la politique et du sport, l’espace public, les réseaux sociaux, la vie de famille et les médias. Quatre-vingts pour cent des femmes interrogées ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe (contre 37 % pour les hommes). De même, 9 femmes sur 10 expriment une charge mentale d’anticipation des actes et propos sexistes. Le sondeur note aussi une « indifférence face à certaines situations sexistes “ordinaires” », comme les blagues ou les remarques sexistes, et « la difficulté pour les hommes à porter une responsabilité collective ». Toutes les tranches d’âge sont concernées : si les plus âgés sont considérés comme plus conservateurs, « parmi les hommes de moins de 35 ans, on observe davantage d’immaturité et une pénétration plus importante des clichés “masculinistes”, qu’ils semblent percevoir comme une valorisation de leur genre », constate Viavoice.
2) L’adhésion aux stéréotypes sexistes est encore forte, notamment chez les hommes pic.twitter.com/uTX7yBmAcv
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Une vidéo et une fiction sonore pour informer
Pour mettre fin à cette situation, le HCE a lancé une grande campagne de communication. Un spot de sensibilisation reprend des discours sexistes qu’une femme peut rencontrer dans son quotidien et se termine par le slogan choc : « Le sexisme on ne sait pas toujours quand ça commence, mais on sait comment ça se termine : tous les 3 jours en France, une femme est tuée parce qu’elle est une femme. » Il a aussi mis en ligne le site Onsaitcommentcasetermine.fr qui propose quant à lui une fiction sonore dont les cinq chapitres illustrent différentes situations : les stéréotypes sexistes au sein du foyer, le contrôle et emprise dans le couple, le sexisme au travail, les violences dans l’espace public jusqu’au féminicide. Cette fiction a été écrite par Carole Fives, romancière dont le dernier ouvrage, Quelque chose à te dire (Gallimard) a été sélectionné sur la liste du prix Goncourt. « Il n’y a pas d’un côté la violence sociale, politique et d’un autre, la violence conjugale, qui serait privée, intime, estime l’auteure. Toute violence est politique et commence par les plus petits gestes, les plus petites remarques. C’est un des rôles de la littérature, et pas des moindres, que d’analyser cette violence quotidienne, la comprendre et la déconstruire. »
Un plan d’urgence contre le sexisme
En parallèle, le HCE a proposé un plan d’urgence composé de dix mesures concrètes pour lutter contre le sexisme. Il recommande ainsi d’augmenter les moyens financiers et humains de la justice, de généraliser « l’égaconditionnalité (qui conditionne l’argent public à une contrepartie en termes d’égalité) et la budgétisation sensible au genre », et de « conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité ». Côté éducation, il préconise d’appliquer systématiquement la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective dans un délai de trois ans, sous peine de sanction financière, et, dans le même temps, de « réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes, représentations dégradantes, et traitements inégaux ou violents des femmes ». Dans les entreprises, il souhaite rendre obligatoires les formations sur le sujet du sexisme. Enfin, il demande qu’une haute autorité indépendante contre les violences sexistes en politique soit créée et que la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier soit institutionnalisée. « Notre baromètre révèle à quel point il faut encore faire preuve de pédagogie pour lutter contre le sexisme et amplifier les politiques destinées à le faire régresser et le sanctionner », a conclu Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE.