49 % des éducatrices spécialisées ont quitté leur poste et se sont réorientées, neuf ans après leur entrée dans le métier.

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Éducatrices spécialisées : bilan d’une profession indispensable

Neuf ans après leur entrée dans le métier, 49 % des éducatrices spécialisées ont quitté leur poste et se sont réorientées. Une nouvelle étude met en lumière les défis et les évolutions de cette profession du social.

Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée le 4 mars, s’intéresse aux trajectoires des éducatrices spécialisées. Elle porte sur les professionnelles qui ont commencé leur carrière en 2011 ou en 2012 et les suit jusqu’en 2021.

Une activité essentielle

En 2021, la France métropolitaine et les départements et régions d’outre-mer (Drom), hors Mayotte, comptaient ainsi 116 000 éducatrices spécialisées en exercice. Ce métier est accessible avec un diplôme d’État de niveau Bac +3. Il est aussi très majoritairement féminin (79 %).

Ces professionnelles participent « à l’éducation d’enfants, d’adolescents ou au soutien d’adultes présentant un handicap ou des difficultés d’insertion », explique la Drees. Elles aident en effet « les personnes en difficulté à restaurer ou à préserver leur autonomie » (lire également notre dossier Vivre avec un handicap aujourd’hui). Elles mènent également des actions de médiation et de prévention.

Des trajectoires professionnelles diverses

L’étude de la Drees révèle qu’une éducatrice spécialisée sur deux a quitté le métier neuf ans après leur début de carrière. Mais, 51 % d’entre elles sont encore dans la profession. Ce taux de maintien est d’ailleurs le plus élevé parmi les métiers du social, constate la Direction.

Les départs, quant à eux, se répartissent pour moitié vers d’autres emplois du domaine social, comme assistante de service social ou cadre socio-éducatif. L’autre moitié des réorientations se font alors vers des métiers en dehors des secteurs du social ou de la santé. Concernant ce dernier secteur justement, les redirections y restent marginales (6 % seulement).

Des rémunérations qui évoluent

La Drees observe par ailleurs que ce sont les éducatrices spécialisées les moins bien rémunérées qui quittent la profession. Mais en fin de compte, elles obtiennent un revenu salarial moyen qui évolue plus favorablement que celui de leurs collègues restées dans le métier. L’écart de revenus entre celles qui partent et celles qui restent diminue cependant avec le temps. L’augmentation est de 25 % pour les premières contre 18 % pour les secondes entre leur première année complète et la huitième année d’exercice.

Une stabilité de l’emploi

L’étude met aussi en évidence une diminution significative des contrats courts, comme les contrats à durée déterminée (CDD). La part de ce type d’emploi passe de 42 % à l’entrée dans le métier à 3 % au bout de neuf ans. Parallèlement, la part des contrats à durée indéterminée (CDI) et des titularisations dans la fonction publique augmentent logiquement avec le temps. Cependant, la proportion de salariées à temps partiel reste quant à elle stable, « avec une légère hausse lors des années marquées par la crise sanitaire ».

Promouvoir le métier

Cette étude permet de mieux appréhender les mouvements au sein du métier d’éducatrice spécialisée. Pour attirer de nouvelles recrues et s’assurer de la longévité dans la profession, il est en effet crucial de comprendre les raisons de ces départs. Les conditions de travail, la reconnaissance professionnelle et les perspectives de carrière sont autant de facteurs à considérer.

Des initiatives visent d’ores et déjà à valoriser ce métier essentiel. C’est notamment le cas avec la campagne gouvernementale Prendresoin.fr. Celle-ci met en avant les métiers du soin et de l’accompagnement, dont celui-ci d’éducateur spécialisé, à travers des fiches d’information et des vidéos de témoignage (voir ci-dessous).

© CIEM / Léa Vandeputte