Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne

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Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne

Ambroise Paré a fait ses armes sur les champs de bataille au XVIe siècle avant de devenir le chirurgien de quatre rois de France. Il a inventé la ligature mais a aussi rédigé une œuvre médicale colossale. Devenu un symbole, son nom figure aujourd’hui sur le fronton de nombreux établissements de soins.

1509

Naissance

La date de naissance d’Ambroise Paré est incertaine et on en sait peu sur le début de sa vie. Il aurait vu le jour au Bourg-Hersant, commune proche de Laval en Mayenne, dans une famille modeste.

1533

Entrée à l’Hôtel-Dieu

Ambroise Paré arrive à Paris. Il devient garçon-chirurgien (c’est-à-dire apprenti) à l’Hôtel-Dieu pendant 3 ans. Il y pratique des saignées, des purges, soigne les abcès… En parallèle, il découvre aussi l’anatomie et le fonctionnement du corps humain en réalisant des autopsies en cette période où la peste fait rage.

1537

Carrière de chirurgien militaire

Il participe aux campagnes du Piémont en tant que chirurgien militaire où il doit soigner de nombreuses blessures par armes à feu. Alors que ces dernières étaient habituellement traitées par de l’huile bouillante pour les cautériser, il utilise un mélange, composé de jaune d’œuf et de térébenthine notamment, et obtient un meilleur taux de guérison sans complications.

1541

Intégration à la corporation des barbiers

De retour à Paris après sa première campagne, il devient maître chirurgien-barbier (voir l’encadré « Qui sont les chirurgiens-barbiers ? »). Il rentre alors dans la corporation puis il ouvre sa propre boutique avant de repartir en guerre à Perpignan puis en Bretagne. Là, pour faciliter l’extraction des balles perdues, il a l’idée de replacer les blessés dans la position qu’ils avaient au moment de l’impact pour en révéler l’emplacement.

1545

Traité des arquebuses

Ambroise Paré se lance dans l’écriture pour raconter son expérience dans la gestion des blessures par arme à feu (dont les arquebuses). Il écrit sa Méthode de traicter les playes faictes par hacquebutes et autres bastons à feu et de celles qui sont faictes par flèches, dartz et semblables ; aussi des combustions espécialement faictes par la poudre à canon. Mais ce livre, écrit en français, est mal accueilli par les médecins qui n’acceptent pas qu’il puisse diffuser ses connaissances dans une langue accessible à tous. 

1552

Première tentative de ligature

En pleine campagne de Lorraine, face à un membre amputé, Ambroise Paré essaye de ligaturer les artères plutôt que d’appliquer des fers brûlants qui provoquaient une grande douleur. Il choisit d’utiliser du crin de cheval pour nouer les artères et arrêter ainsi le saignement. Toutefois, sa technique n’empêche pas la plaie de s’infecter. Le chirurgien-barbier inventera aussi, tout au long de sa vie, de nombreuses prothèses pour faciliter la vie des amputés. Cette même année, il est nommé chirurgien ordinaire du roi Henri II.

1554

Docteur en chirurgie

Ambroise Paré ne possède pas le titre de chirurgien de Saint-Côme délivré par un collège de professionnels. Et pour cause : les examens se déroulent notamment en latin, langue qu’il n’a jamais étudiée. Mais grâce à l’appui d’Henri II, il en est dispensé. C’est ainsi qu’il obtient le titre le 8 décembre et devient docteur en chirurgie.

1557

Asticothérapie

Lors du siège de Saint-Quentin en Picardie, il note que les asticots d’une certaine mouche aident à la cicatrisation des plaies de blessés. Il les utilise alors sous forme de bouillie, associée à un onguent à l’huile de lys, pour soigner.

1559

Chirurgien des rois

À la mort d’Henri II, il devient le chirurgien de son successeur, François II, qui disparaîtra un an plus tard, en 1560. Le nouveau roi Charles IX le confirme dans ses fonctions avant de le nommer premier chirurgien en 1562. À son décès en 1574, Ambroise Paré sera au service d’Henri III.

1561

Expérimenter avant de traiter

Ambroise Paré écrit Méthode curative des playes et fractures de la teste humaine. Il y décrit la blessure qui a coûté la vie à Henri II. Lors d’une joute qui s’est déroulée pendant un tournoi, la lance d’un concurrent s’est fichée dans l’œil droit du roi. Afin de le sauver, Ambroise Paré fait décapiter des condamnés à mort pour reproduire la blessure et expérimenter différentes solutions. Il en conclut qu’il est nécessaire d’enlever les éclats de bois. Malheureusement, le roi mourra quelques jours plus tard, gagné par l’infection.

1564

Traité de chirurgie pratique

Il publie Dix livres de la chirurgie avec le magasin des instruments nécessaires à icelle. Dans cet ouvrage de chirurgie pratique, se trouve le premier usage connu du mot bistouri dans le sens chirurgical. On y trouve également la première description de la ligature des artères et des veines ainsi que des planches illustrées présentant précisément les instruments nécessaires.

1575

Les grandes œuvres

Il rassemble tous ses écrits en un seul ouvrage : Les œuvres de M. Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roy, avec les figures et portraicts, tant de l’anatomie que des instruments de chirurgie et plusieurs monstres. La seconde édition, sortie en 1579, comporte un nouveau livre : Des animaux et de l’excellence de l’homme. En 1585, la troisième édition est augmentée d’Apologie, et traicté contenant les voyages faicts en divers lieux, dans laquelle il revient sur la série de campagnes militaires auxquelles il a participé. Il clôt là son œuvre littéraire.

1590

Décès

Ambroise Paré s’éteint à Paris le 20 décembre, à plus de 80 ans.

© C i E M / Benoît Saint-Sever

Sources : L’œuvre chirurgicale d’Ambroise Paré, documentaire de France culture ; le fond Gallica de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ; France archives ; La querelle des barbiers, chirurgiens et médecins (XIIIe-XVIIIe siècles), thèse de Marie Gatti, Nancy, 2014 ; Encyclopédie Larousse ; Ambroise Paré chirurgien et écrivain français, d’Évelyne Berriot-Salvadore et Jacques Gana, BIU santé Paris Descartes.

Qui sont les chirurgiens-barbiers ?

Grâce à leur outil de travail, le rasoir, les barbiers ont été amenés, dès le Moyen Âge, à s’occuper de petites affections cutanées ou à réaliser certaines interventions comme des saignées. Simples artisans, ils doivent leurs connaissances à la pratique et non à l’instruction. Disponibles à toute heure du jour et de la nuit, ils sont plus accessibles que les médecins car leurs tarifs sont bien inférieurs et ils maîtrisent les langues locales. Comme ils pratiquent la petite chirurgie, on accole à leur nom celui de chirurgien. Vers la fin du XVe siècle, on les appelle également chirurgien de robe courte par opposition aux chirurgiens de Saint-Côme, ou chirurgiens de robe longue, qui eux, ont reçu une formation académique et pratiquent la « grande » chirurgie (trépanations, exérèses de tumeurs…). Au fil du temps, barbiers, chirurgiens et médecins auront chacun cherché à défendre leur pré carré. Les querelles de pouvoir cesseront à la moitié du XIXe siècle.