Comment sont nés les services d’urgences ?
Aller chercher le malade ou le blessé là où il se trouve, lui porter secours, continuer les soins sur la route qui le conduit vers le service des urgences de l’hôpital le plus proche : ce mode de prise en charge est aujourd’hui la norme. Mais il a fallu du temps pour développer des services médicaux d’assistance performants.
Années 1790 : des ambulances volantes tirées par des chevaux
Lors des campagnes de Napoléon, le baron Dominique-Jean Larrey, médecin et chirurgien militaire, a l’idée de développer des ambulances volantes. Auparavant, le service de santé était éloigné de la ligne de front et ne secourait les soldats qu’à la fin des combats. Avec cette nouveauté, des équipes mobiles, constituées de chirurgiens, d’assistants et d’infirmiers se déplacent à cheval, directement sur le champ de bataille. Grâce à leur équipement médical, elles prodiguent les premiers soins et évacuent rapidement les blessés vers les hôpitaux de campagne.
1810 : les sapeurs-pompiers de Paris en ordre marche
Napoléon Ier met en place le bataillon des sapeurs-pompiers de Paris, rattaché à l’armée, pour lutter contre les incendies qui font rage dans la ville. En 1875, les corps communaux de sapeurs-pompiers, relevant du ministère de l’Intérieur, sont créés. Puis, en 1925, un décret prévoit que les sapeurs-pompiers sont désormais des agents civils, à l’exception du régiment de Paris. En 1932, le numéro 18 permet enfin de joindre la caserne la plus proche en cas de besoin. Le bataillon des marins-pompiers de Marseille ouvre quant à lui en 1938. Au fil du temps, les pompiers ne se limitent plus à leur rôle de « soldats du feu » mais deviennent des spécialistes de l’urgence. Le secours à victime représente aujourd’hui la grande majorité de leurs interventions.
1928 : De Secours police à Police-secours
Cette année-là, le préfet de police de Paris imagine « Secours police », qui deviendra après la Seconde guerre mondiale « Police secours ». Des bornes téléphoniques en fer noir sont installées sur les trottoirs de la ville pour permettre aux passants de joindre 24 heures sur 24 ce nouveau service d’urgence. Un accident de la voie publique, un vol, une personne un peu trop éméchée : un appel, et une équipe intervient. En 1930, avec l’arrivée du téléphone dans les foyers, un numéro spécial, le 17, est créé. Les bornes en fer, elles, ne disparaîtront totalement que dans les années 1970.
1956 : le premier service mobile de réanimation
Le professeur Maurice Cara est à l’initiative de la mise en œuvre du premier service mobile de réanimation, ancêtre des structures mobiles d’urgence et de réanimation (Smur). Son but était de médicaliser le transport entre hôpitaux des patients touchés par la poliomyélite, une maladie infectieuse et contagieuse. Sous assistance respiratoire, ils étaient intransportables dans les ambulances classiques. Le médecin de ce véhicule unique, basé à l’hôpital Necker à Paris, assurait lui-même la régulation médicale avant de s’élancer sur la route. Aujourd’hui, les Smur sont implantés dans tous les hôpitaux ainsi que dans certains centres d’incendie et de secours des pompiers.
1968 : naissance du Samu officiel de Toulouse
Le tout premier service d’aide médicale urgente (Samu) voit le jour à Toulouse sous l’impulsion du professeur Louis Lareng qui veut développer un système de soins préhospitaliers accessible et réactif. Dans un premier temps, le Samu ne reçoit pas encore les appels du public. Il faudra attendre les années 1980 pour que les « Centres 15 » départementaux et le numéro de téléphone unique dédié à la santé, le 15, soient créés.
1991 : le numéro d’urgence européen 112
Le Conseil des Communautés européennes décide de lancer un numéro d’appel d’urgence gratuit, le 112, valable dans tous les États membres. L’idée est de permettre aux voyageurs d’être secourus partout en Europe facilement. Ce numéro unique ne se substitue toutefois pas aux numéros nationaux directs. En France par exemple, l’opérateur du 112 redirige l’appel vers le service compétent : le Samu ou les pompiers.
À savoir : le 114 est l’équivalent de ce numéro pour les sourds et malentendants. Il est accessible depuis l’application Urgence 114 et sur le site www.info.urgence114.fr (par visioconférence, tchat, voix et retour texte).
© C i E M / Benoît Saint-Sever
Pour en savoir plus : « Les statistiques des services d’incendie et de secours », 2021, à consulter sur le site du ministère de l’Intérieur : bit.ly/3AGSktx
Des hôtels-Dieu aux services d’urgences dans les hôpitaux modernes
Ancêtres des hôpitaux que l’on connaît aujourd’hui, les hôtels-Dieu ont été créés aux VIe et VIIe siècles. Consacrés à l’accueil des malades et des plus pauvres, ils sont administrés par le clergé. Au XVIIe siècle, Louis XIV fait ouvrir des hôpitaux généraux dans les grandes villes et leur donne une visée policière. Ces établissements, toujours tenus par l’Église, deviennent des lieux de répression de la misère sociale où l’on enferme les nécessiteux. À la Révolution française, les hôpitaux retrouvent leur fonction de lieux de soins. Ils ne dépendent plus des religieux mais des municipalités. À partir de la fin du XIXe siècle, la médecine se spécialise et les établissements se dotent petit à petit de cardiologues, rhumatologues, orthopédistes, etc. En 1941, les hôpitaux passent sous la coupe de l’État. Jusque-là, il n’existe pas de services d’urgences à proprement parler. Le concept va se développer à partir des années 1960 pour accueillir, dans un premier temps, les personnes accidentées de la route et celles qui font des malaises (cardiaques notamment), avant de recevoir tous types de malades ou de blessés. L’été 2003 met particulièrement en avant le travail des urgentistes qui font face à un afflux de patients à cause de la canicule que connaît la France. En 2020, les urgences ont de nouveau été en première ligne avec l’épidémie de Covid-19. Ces services ont été dans les premiers à prendre en charge les malades.