La Recyclerie sportive, un réseau de boutiques solidaires
Lancée en 2015 en région parisienne, la Recyclerie sportive propose des articles de seconde main liés à l’activité sportive, ainsi que des ateliers pour réparer soi-même ses équipements. Presque dix ans après son lancement, l’association est présente dans une dizaine de villes en France et bientôt sur un des sites emblématiques des Jeux olympiques de Paris.
108 000. C’est le nombre de tonnes de déchets générées par la pratique sportive chaque année en France. Une situation qui a poussé Bérénice Dinet et Marc Bultez à unir leurs talents. Elle travaillait dans le domaine des déchets, lui était impliqué dans le sport. Pour transformer un secteur encore peu dynamique qui ne faisait qu’envoyer les déchets à l’étranger, les deux associés lancent en 2015 la Recyclerie sportive, une boutique de seconde main, avec quatre objectifs. « Sensibiliser les gens sur ces questions environnementales, ouvrir un atelier de réparation afin de partager nos savoirs en la matière, transformer les matériaux (un pneu de vélo peut devenir une ceinture mais aussi du mobilier, de l’art de la table…), et enfin les réemployer via des boutiques solidaires », résume Marc Bultez.
En clair, s’équiper à moindre coût, apprendre à réparer son matériel défectueux, favoriser une pratique sportive plus durable et ainsi développer une économie circulaire. « Notre priorité, c’est permettre l’accès de nos produits de seconde main à des prix bas, vante Marc Bultez. On organise des braderies, des ateliers dans les quartiers prioritaires, on s’investit dans l’inclusion. »
De l’écologie… et du social
Cette approche transversale a permis à l’association de collecter 177 tonnes de déchets en 2023. Et 2024, année olympique, pourrait s’avérer d’autant plus réussie. L’association a participé à la Grande collecte du sport, une opération organisée au printemps dernier à l’échelle nationale pour donner une seconde vie aux équipements usagés. En fin d’année, une nouvelle boutique ouvrira ses portes au centre aquatique de Saint-Denis (93), construit pour les Jeux olympiques et paralympiques. Une dixième pour l’association, déjà présente dans plusieurs villes françaises telles que Roubaix, Bordeaux ou Marseille.
Le site marseillais a d’ailleurs la particularité de proposer des missions d’insertion professionnelle. « L’humain est central pour nous, avance Marc Bultez. À Marseille, on apprend aux participants la mécanique vélo. Ce sont des gens qui ont eu un parcours de vie difficile, qui ont été à la rue, des personnes en situation de handicap… On les accompagne vers le retour à l’emploi, en plus de les aider sur le plan social et psychologique. »
Faire évoluer les comportements
Reste une problématique centrale : comment s’inscrire dans un projet écologique durable et à contre-courant des sites de seconde main mercantile ? La question est épineuse. « On touche des gens sensibles aux questions environnementales, mais aussi beaucoup qui cherchent à revendre ensuite, reconnaît Marc Bultez. C’est un peu le serpent qui se mord la queue : cette activité de revente est positive d’un point de vue économique pour nous, mais d’un point de vue purement philosophique, on aimerait ne plus avoir à faire autant et voir les gens changer leurs habitudes de manière durable. »
Une volonté d’élargir au maximum son champ d’action qui passe aussi par la promotion de l’activité physique, notamment en promouvant le slow sport. « Comme avec le concept de slow food, on promeut le sport local et de saison. On veut développer une culture sportive tournée vers l’humain, donner aux gens l’envie de faire du sport autrement, avec les autres, avec leur environnement et à leur rythme », conclut le fondateur de la Recyclerie sportive.
© C I E M / Mathieu Yerle