Les algues, des ressources marines inépuisables
Indispensables au maintien de la biodiversité, les algues sont utilisées dans le domaine de l’agroalimentaire ou de la cosmétique. Mais quel rôle jouent‑elles exactement ? Explications de Dominique Duché, commissaire de l’exposition « Algues marines » proposée à l’Aquarium tropical de Paris.
Sur le littoral, il existe plus de 800 espèces d’algues vertes, brunes ou rouges dont la reproduction peut être végétative, sexuée et asexuée. Elles sont essentielles à la biodiversité, comme le rappelle l’exposition « Algues marines » proposée à l’Aquarium tropical de Paris*. « L’algue en elle-même est une biodiversité intrinsèque. C’est un milieu où se niche une vie incroyable. Les algues servent aussi de nurserie, où des espèces peuvent se cacher et des œufs être déposés », explique Dominique Duché, commissaire général de l’exposition. Elles participent à la production d’oxygène grâce au phénomène de la photosynthèse et piègent une partie du gaz carbonique de l’atmosphère, qui peut perturber le climat. Les algues protègent également les côtes des tempêtes en se transformant parfois en forêts sous-marines, qui permettent le maintien de la faune et de la flore locales.
Des utilisations méconnues
« La majorité des algues utilisées en Europe permettent la fabrication de composés utilisés dans l’agroalimentaire, comme l’alginate ou l’agar-agar, qui ont des propriétés gélifiantes. Les vertus texturantes, antixoydantes, hydratantes et drainantes des algues sont aussi exploitées dans le domaine de la cosmétique. Leurs capacités à résister à des éléments pathogènes sont utilisées en agriculture et on peut aussi fabriquer des plastiques biosourcés grâce aux polysaccharides des grandes algues. En médecine, des molécules issues des algues sont utilisées pour retarder l’apparition de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, en améliorant le microbiote. Les polysaccharides des algues permettent d’envisager des reconstructions en chirurgie esthétique », souligne Dominique Duché.
Les algues sont donc très appréciées mais elles sont de plus en plus menacées, notamment par le réchauffement climatique, les pollutions chimiques et parfois une surexploitation par l’homme. « Ces algues poussent dans des zones proches des côtes, donc tous les impacts venant du littoral les perturbent, tout comme les matières en suspension qui opacifient l’eau. Il y a peu d’études concernant les agressions qu’elles subissent, mais elles révèlent une régression de certains champs d’algue », explique Dominique Duché.
C’est la raison pour laquelle les chercheurs, mais aussi les défenseurs de l’environnement, se mobilisent pour répertorier les algues, mieux connaître leur cycle biologique, mettre en place des actions de protection et militer pour la création d’une algoculture raisonnée. « Rappelons que les algues sont des puits à carbone. Favoriser leur culture est donc très intéressant, d’autant qu’elles permettent aussi de protéger les côtes quand il y a des risques d’érosion ou de submersion », conclut commissaire de l’exposition.
*À voir jusqu’au 8 janvier 2023
Violaine Chatal
Quand les algues deviennent dangereuses
Chaque été, les algues vertes prolifèrent sur les plages bretonnes, en raison notamment de l’utilisation d’engrais et de la bétonisation des côtes. Quand elles se décomposent, ces algues forment une croûte blanchâtre sous laquelle est emprisonné de l’hydrogène sulfuré, qui devient dangereux à hautes doses lorsqu’il est libéré. Autre phénomène inquiétant, la prolifération d’algues aliens comme la Caulerpa Taxifolia en Méditerranée dans les années 1990. « Elle a été remplacée par une autre algue, qui prend la place notamment d’herbiers très importants pour la diversité végétale et animale », explique Dominique Duché.