Les dermatologues alertent sur le déclin des connaissances sur les maladies sexuellement transmissibles, en particulier chez les jeunes.

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Maladies sexuellement transmissibles : les Français mal informés

Le Syndicat des dermatologues alerte sur le déclin des connaissances sur les maladies sexuellement transmissibles, en particulier chez les jeunes. Si les 50-65 ans sont quant à eux mieux informés, des lacunes persistent malgré tout

Une étude menée par Harris Interactive pour le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV) révèle une diminution alarmante des connaissances sur les maladies sexuellement transmissibles (MST). Cette méconnaissance, couplée à des comportements à risque, soulève des préoccupations majeures pour la santé publique.

Une méconnaissance marquée chez les jeunes adultes

Le niveau général des connaissances sur les MST chez les 18 à 35 ans a considérablement diminué depuis 2016. Le Sida reste la première maladie citée spontanément par 77 %. En revanche, d’autres pathologies comme l’herpès génital, les morpions et la syphilis accusent des baisses de citations allant de – 13 à – 25 points. Seules les chlamydias restent au même niveau de notoriété. Les papillomavirus, quant à eux, sont les seuls à voir leur notoriété progresser de 8 points grâce aux campagnes de sensibilisation et à celles de vaccination dans les collèges (lire notre article)

De plus, seulement 61 % de la tranche d’âge estime qu’une personne contaminée peut être asymptomatique, contre 72 % en 2016.

Par ailleurs, 72 % des jeunes adultes consultent un médecin en cas de doute de contamination. Ils étaient 77 % en 2016). Mais seulement 6 % d’entre eux se tournent vers un dermatologue. L’étude révèle également qu’ils  sont 23 % à fréquenter les centres de dépistage de manière occasionnelle. « Cette tendance est inquiétante car elle reflète une méconnaissance des ressources disponibles pour la détection et la prévention des MST », estime le SNDV.

D’autant que le syndicat observe un « relâchement des mesures préventives ». Les jeunes adultes « sont 73 % à estimer que la meilleure protection est le préservatif soit une diminution de 11 points par rapport à 2016 ».

Enfin, le dépistage est en recul chez les 18-35 ans, tout comme le recours à la prophylaxie pré-exposition (Prep, lire notre article sur la prévention du VIH) ou à la Doxycycline en prévention (un antibiotique utile contre les maladies sexuellement transmissibles bactériennes).

Des informations perfectibles chez les 50-65 ans

Les plus âgés, de la tranche 50 à 65 ans, sont 90 % à citer spontanément au moins une MST. En moyenne, ils y associent plus de six pathologies, contre cinq chez les 18-35 ans. « Cependant, 30 % associent à tort certaines maladies aux MST, indiquant des lacunes dans la compréhension », note le SNDV.

Leurs connaissances des idées reçues sur les MST sont similaires à celles des plus jeunes. En revanche, seulement 37 % d’entre eux savent qu’elles peuvent être transmises par voie orale. C’est le cas de 52 % des 18-35 ans.

Pour le reste, « en cas de doute de contamination, la consultation médicale est davantage suivie par les 50-65 ans (88 %) que chez les 18-35 ans (72 %) », constate le SNDV. Cependant, cette tranche d’âge réalise moins de dépistage de contrôle (notamment pour le VIH). La connaissance et l’utilisation de la Prep et de la Doxycycline en prévention sont également particulièrement faibles.

Des disparités entre les hommes et les femmes

« L’étude met en lumière des différences significatives entre les jeunes hommes et les jeunes femmes en matière de prévention et de gestion des MST », indique les dermatologues.

Les femmes sont ainsi généralement mieux informées que les hommes. Chez ces derniers « cette lacune en connaissance est souvent accompagnée de contrevérités », constate le syndicat.

En cas de suspicion de MST, femmes et hommes consultent les mêmes professionnels de santé. Ils privilégient le médecin généraliste plutôt qu’un autre médecin spécialiste. Par ailleurs, les femmes sont plus proactives en termes de prise en charge. Elles sollicitent plus facilement un test de dépistage notamment. En matière de prévention aussi, elles considèrent plus souvent le préservatif comme la meilleure protection contre les MST (76 %, contre 70 % chez les hommes). « Elles ont en revanche moins eu recours à la Prep ou à la prescription de Doxycycline (respectivement 12 % et 10 %), lié aussi au manque de connaissances », ajoute le SNDV.

Faire connaître maladies sexuellement transmissibles

Au vu des résultats, « il est essentiel de renforcer l’éducation et la sensibilisation pour améliorer la prévention et la gestion des MST », considère le syndicat des dermatologues. Ce dernier rappelle également que « le dermatologue-vénéréologue joue un rôle crucial dans l’identification et le traitement des MST ». Il positionne ainsi la profession comme interlocuteur privilégié pour les patients sur ce sujet d’importance.