Affiche de la campagne "Le Proto c'est trop risqué d'en rire" qui sensibilise aux dangers du protoxyde d'azote aussi appelé gaz hilarant

© Agence régionale de santé (ARS)

Protoxyde d’azote : les dangers du gaz hilarant

Prisé des jeunes pour ses effets euphorisants, le protoxyde d’azote, ou gaz hilarant, n’est pas sans risques pour la santé. C’est pour informer les 15-25 ans sur ses dangers qu’une campagne de sensibilisation a lieu tout au long du mois.

« Le proto, c’est trop risqué d’en rire » : voici le message que véhicule la campagne de communication sur les dangers du protoxyde d’azote, connu aussi sous le nom de « proto » ou de gaz hilarant. Celle-ci est menée conjointement par les agences régionales de santé (ARS) des Hauts-de-France et d’Île-de-France ce mois de novembre. Dans ces territoires, cet usage est en augmentation depuis plusieurs années, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Selon une enquête de Santé publique France publiée le 26 octobre dernier, 13,7 % des Français de 18 à 24 ans ont déjà consommé du protoxyde d’azote au moins une fois dans leur vie.

Un usage détourné du protoxyde d’azote

Le protoxyde d’azote (N2O) est habituellement utilisé en cuisine (dans les siphons à crème chantilly). Il permet aussi de réaliser certaines anesthésies, notamment pour les opérations bucco-dentaires (information à retrouver dans notre interview de Jérémy Amzalag). Bon marché, il se vend, sous la forme de cartouches ou de bonbonnes dans les supermarchés et sur internet.

Son usage détourné consiste à l’inhaler par le biais d’un ballon, après avoir « cracké » la cartouche pour l’ouvrir. Son effet est rapide, fugace, euphorisant et permet même de ressentir des distorsions sensorielles.

Des conséquences néfastes sur la santé

Or, inhaler du gaz hilarant présente « des risques pour soi et pour les autres », insistent les ARS. Cette substance addictive peut engendrer des symptômes plus ou moins graves, et ce, que la consommation soit occasionnelle ou fréquente. Elle peut ainsi provoquer de multiples signes neurologiques : troubles de la sensibilité (fourmillements, sensations de brûlure), de la marche, de l’équilibre, de l’érection, de la mémoire, du langage, de l’attention, de la perception, maux de tête, malaises, vertiges ou encore perte de sensibilité.

Mais ce n’est pas tout. Le protoxyde d’azote a aussi un impact sur le système cardiovasculaire (risques de thromboses veineuses, d’embolies pulmonaires, d’accidents vasculaires cérébraux, de troubles du rythme cardiaque…). Il a aussi des conséquences psychiques (agitation, agressivité, hallucinations, angoisse, irritabilité, idées suicidaires, confusion, amnésie, insomnie…). Enfin, ce gaz hilarant favorise également la survenue de traumatismes, de chutes ou encore d’accidents.

Informer sur les dangers

Pour prévenir les jeunes des risques qu’ils encourent, les ARS ont mis en ligne un site internet dédié, Parlons-proto.fr. Celui-ci propose aux internautes de tester leurs connaissances en répondant à un questionnaire interactif. Il met à disposition des ressources pour être accompagné dont le site Droguesinfoservice.fr et sa ligne téléphonique d’écoute gratuite (le 08 00 23 13 13, 7 jours sur 7, de 8 heures à 2 heures). Il renvoie aussi vers des interlocuteurs physiques comme les Consultations jeunes consommateurs (CJC) ou les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).

En parallèle, le site met en avant une vidéo pédagogique réalisée par le journaliste, animateur et vulgarisateur scientifique Jamy Gourmaud. Celle-ci est relayée sur les réseaux sociaux des ARS (voir ci-dessus). C’est le cas également des spots de sensibilisation audio et vidéo. Ces derniers racontent, à travers des échanges de messages sur Smartphone, l’expérience d’un consommateur. Trois situations sont présentées : un malaise à une fête, une panne sexuelle lors d’un date et la paralysie d’un sportif addict. À travers ces scènes, l’objectif des ARS est de faire réagir. « Le regard des autres est un levier puissant dans toute consommation à risques et pour prendre conscience d’une situation qui peut devenir grave », expliquent-elles.

© C i E M / Léa Vandeputte