Que contient la stratégie « bien vieillir » ?

Préparer le pays au défi démographique des années à venir : c’est là toute l’ambition de la stratégie « bien vieillir » présentée par le gouvernement. Et l’enjeu est de taille car en 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.

La ministre des Solidarité et de la Famille, Aurore Bergé, a présenté le vendredi 17 novembre la très attendue stratégie « bien vieillir », sous-titrée « Préparer la France de demain, ajouter de la vie aux années ». L’objectif est clair : se préparer au défi démographique qui arrive. En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. « Et pour la première fois de notre histoire, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans », rappelle la ministre.

S’adapter aux nouveaux besoins

Le vieillissement de la population engendre de nouveaux défis. Le premier axe de la stratégie « bien vieillir » est donc logiquement intitulé « Prendre en compte de nouveaux besoins et reconnaître la place des seniors ». Le gouvernement compte leur donner plus de place dans la société. Cela passe par une adaptation des territoires (des villes comme des campagnes), des mobilités (notamment des transports publics). Un accès simplifié aux différents services publics est également à l’ordre du jour. Autre objectif : l’innovation. Investir dans la recherche et développer des dispositifs médicaux préventifs sont les pistes évoquées.

Avoir le choix de vieillir à la maison

Le deuxième axe de la stratégie concerne le lieu de vie des seniors. Ces derniers sont nombreux à continuer de vivre chez eux (lire sur ce sujet notre dossier). C’est d’ailleurs le souhait de 92 % des Français, selon une enquête Harris Interactive de novembre 2022. Pour les accompagner, il est nécessaire d’adapter les logements grâce au dispositif Ma prime adapt’ qui est déployé. Il est également capital de fournir des services à domicile de qualité et de les renforcer. En parallèle, le gouvernent prévoit de poursuivre la modernisation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Les professionnels du secteur ne sont pas oubliés. D’ici 2030, le recrutement de 50 000 personnes dans les Ehpad est acté. Une carte professionnelle pour les intervenants à domicile sera par ailleurs créée. Elle permettra « de mieux les identifier, de leur apporter une visibilité et une reconnaissance plus fortes et de leur permettre de bénéficier de droits et facilités, notamment de stationnement ».

Encourager la solidarité intergénérationnelle

Le gouvernement le clame haut et fort : « Une société qui vieillit n’est pas une société en déclin ». C’est pour cela qu’il dédie son troisième axe de travail à la solidarité entre les générations. Il souhaite « faciliter et renforcer l’engagement des seniors ». Cela passe par le développement du mentorat et du bénévolat. Les actions qui permettent la transmission entre les anciens et les plus jeunes sont plébiscitées. Une période de transition entre l’emploi et la retraite est également proposée (retraite progressive assouplie, cumul emploi/retraite plus avantageux). Toutes ces mesures sont censées participer à limiter la solitude et l’isolement. Ceux-ci touchent malheureusement de nombreuses personnes âgées ainsi que leurs aidants.

Garantir l’accès aux soins

Enfin, le quatrième et dernier axe de la stratégie « bien vieillir » concerne les droits des aînés. « Vieillir ne doit pas nous rendre invisibles, estime le gouvernement. Les personnes âgées n’ont pas moins de droits que les autres et nous avons collectivement le devoir de garantir le respect de leur dignité. » La volonté de faciliter l’accès aux soins est affirmée. En 2025, tous les plus de 80 ans devraient ainsi se voir proposer une solution pour trouver un médecin traitant. Cela représente 4,1 millions de personnes qui seront contactées par l’Assurance maladie.

La prévention de la perte d’autonomie est également évoquée. Les rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie, attendus pour 2024, devraient y participer.

Favoriser l’accès à l’activité physique et à la culture fait également partie des actions envisagées.

Une stratégie « bien vieillir » saluée, mais…

Du côté des acteurs de la santé, l’accueil de cette stratégie « bien vieillir » est globalement positif. Cependant, des réserves demeurent. La Fédération hospitalière de France (FHF) par exemple « salue les annonces » dans son communiqué. Mais, elle « souhaite avancer rapidement sur le protocole d’accord pluriannuel qui doit traduire concrètement ces engagements ». La Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA) note quant à elle « une ambition affichée qui devra être confirmée ». Enfin, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) constate « quelques avancées » mais estime qu’il y a « trop d’inconnues ».

Depuis ce lundi, la proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France, qui reprend les mesures de la stratégie, est examinée à l’Assemblée nationale. Ce texte avait déjà été présenté au mois d’avril avant que les discussions soient interrompues.

© C i E M / Léa Vandeputte