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Vers plus de responsabilités pour les infirmiers

Présents à chaque étape du parcours de soins, les infirmiers ont vu leurs compétences s’élargir au fil des années. Des responsabilités accrues, plus de reconnaissance et un avenir repensé marquent les récentes évolutions de ce métier au cœur du système de santé.

La France compte près de 600 000 infirmiers diplômés d’État (IDE), ce qui en fait la première profession de santé. Pilier incontournable de l’accès aux soins, le métier a connu de profondes transformations ces dernières années, portées par le vieillissement de la population, l’essor des maladies chroniques et également la désertification médicale. Autant de défis auxquels il a dû s’adapter.

Plus d’autonomie pour les infirmiers

La première évolution majeure de la profession intervient avec la loi de modernisation du système de santé de 2016, qui instaure le statut d’infirmier en pratique avancée (IPA). Ce dernier peut assurer le suivi de certains patients, avec leur consentement et sur orientation médicale, tout en collaborant étroitement avec l’équipe soignante.

Un nouveau cap est franchi en 2023 avec la loi visant à améliorer l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé. Elle permet aussi d’accéder à un IPA sans passage préalable chez le médecin. Les infirmiers ont également la possibilité d’effectuer des actes de prévention et de traitement des plaies, de prescrire des examens complémentaires et certains produits de santé.

De nouvelles compétences vaccinales

Depuis 2023, la profession peut non seulement administrer, mais désormais prescrire certains vaccins aux personnes de 11 ans et plus, dans le cadre du calendrier vaccinal, comme celui contre la grippe. Des exclusions demeurent, notamment pour la prescription des vaccins vivants atténués (rougeole, oreillons, rubéole par exemple) chez les patients immunodéprimés ou en cas d’antécédents allergiques sévères à une vaccination antérieure. Cette nouvelle prérogative nécessite cependant une formation théorique. Elle devrait être intégrée aux cursus de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) à compter de septembre 2026.

Habilités à établir des certificats de décès

Depuis avril 2025, la loi de financement de la Sécurité sociale autorise les infirmiers à rédiger un certificat de décès lorsqu’il survient au domicile ou en établissement de santé ou médicosocial. Jusqu’alors réservée aux médecins, cette compétence vise à simplifier et accélérer une démarche clé pour le lancement des procédures funéraires.

Vers une nouvelle revalorisation de la profession

Un projet de loi en cours d’adoption envisage d’accorder une plus grande autonomie aux infirmiers. Le texte final, adopté le 10 juin par l’Assemblée nationale après un accord trouvé en commission mixte paritaire, a été voté par le Sénat le 19 juin. Il prévoit de leur confier de nouvelles responsabilités : consultations, diagnostics infirmiers, prescriptions d’examens et de produits liés aux soins. Les domaines d’intervention des IPA pourraient aussi s’élargir à la santé scolaire, à la protection maternelle et infantile ou encore à l’aide sociale à l’enfance.

Ces évolutions devraient donner lieu à des négociations en vue d’une revalorisation salariale, un levier essentiel pour redonner de l’attractivité à une profession en souffrance. En effet, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), près d’une infirmière sur deux quitte l’hôpital ou se réoriente après dix ans de carrière. L’Ordre national des infirmiers espère son application par décret et arrêté, d’ici le 31 janvier 2026.

Constance Périn