Comment est né le sport-santé

Si aujourd’hui allier sport et santé semble aller de soi, cela n’a pas toujours été le cas. On sait qu’Hippocrate, en son temps déjà (Ve siècle av. J.-C.), conseillait l’exercice comme un élément d’équilibre « entre la force que l’on dépense et celle que l’on absorbe ». Puis, à la Renaissance, la découverte de l’anatomie a mis au jour le rôle du muscle et de la respiration sur la physiologie humaine. Mais ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que sera développée la pratique de l’exercice physique comme enjeu de santé publique.

1880 – La loi George du 27 janvier 1880 prévoit la gymnastique obligatoire dans tous les établissements d’instruction publique de garçons. Elle vise à améliorer la santé des élèves (lutte contre la tuberculose) et à préparer la revanche militaire, en assurant la transition entre l’école et l’armée. Pour faire appliquer cette loi, le ministère de la Guerre demande à l’École normale militaire de gymnastique de Joinville de publier un manuel d’exercices gymnastiques et militaires. L’éducation des filles étant prise en charge par l’école catholique, ces dernières ne sont pas concernées par la réforme.

1888 – Pierre de Coubertin, le père des Jeux olympiques modernes, s’engage en faveur du développement du sport en tant que facteur d’amélioration du capital santé. Il participe ainsi à la création de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, qui concourt au spectaculaire développement du sport en France et dans le monde entier, devenant un phénomène social peu avant la Première Guerre mondiale.

1921 – La Société médicale d’éducation physique et du sport naît à Paris. Les premiers congrès internationaux sont alors organisés et, le 14 février 1928, la Fédération internationale de médecine du sport voit le jour à Saint-Moritz, en Suisse.

1945 – L’arrêté du 2 octobre 1945 sur le contrôle médical des activités physiques et sportives stipule qu’il convient d’aider les sportifs « à les orienter rationnellement vers une activité d’éducation physique et sportive concourant à développer leur état de santé et leur équilibre en général ». Cette démarche est prolongée en 1946 par de nouveaux arrêtés concernant le certificat médical d’aptitude au sport et par la création des centres médico-sportifs (CMS). La formation spécialisée des médecins s’organise, avec la mise en place de cours d’hygiène sportive dans les facultés de médecine puis, en 1949, d’un certificat d’études spéciales (CES) de biologie appliquée à l’éducation physique et aux sports.

1966 – Le ministère de la Jeunesse et des Sports, créé en janvier 1966, privilégie la performance et la compétition, mais l’État, qui entend vanter les valeurs positives du sport en tant qu’école de courage, de discipline, de persévérance et comme vecteur d’intégration sociale, l’appréhende aussi comme un moyen efficace de prévention et d’éducation.

1975 – La Fédération française de cardiologie (FFC) lance Les Parcours du cœur, une journée nationale de lutte contre la sédentarité. Cette manifestation vise à sensibiliser l’opinion publique sur l’importance de son capital santé et promeut une hygiène de vie fondée sur un effort régulier et consenti, permettant de se prémunir contre les pathologies modernes, comme les affections cardiaques.

1984 – Le premier article de la loi Avice, promulguée en juillet 1984, déclare que « les activités physiques et sportives constituent un facteur important d’équilibre, de santé, d’épanouissement de chacun ; elles sont un élément fondamental de l’éducation, de la culture et de la vie sociale. Leur développement est d’intérêt général et leur pratique constitue un droit pour chacun, quels que soient son sexe, son âge, ses capacités ou sa condition sociale. »

2001-2005 – Le premier programme national nutrition santé (PNNS1) diffuse le message « 5 fruits et légumes par jour ». Avec le slogan « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière », le PNNS2 (2006-2010), lui, insiste sur une activité physique en accord avec le programme mondial lancé par l’OMS en 2004. Quant au PNNS3 (2011-2015), il va plus loin, en proposant « le sport sur ordonnance ». Toute personne souffrant d’une maladie chronique peut se voir prescrire des séances d’activité physique par l’intermédiaire d’une ordonnance. Il s’agit d’un acte de prévention qui n’est pas remboursé par la Sécurité sociale.

2021 – 151 maisons sport-santé (MSS) ont été labellisées par le ministère des Solidarités et de la Santé et celui des Sports. Elles rejoignent les 138 déjà existantes. D’ici à 2022, 500 MSS devraient voir le jour.

© C i E M / Isabelle Coston

Le sport, bon pour les coronaires

Jusqu’en 1970, les activités physiques étaient formellement déconseillées après un accident cardiaque. Grâce aux études menées dans le cadre de la conquête spatiale, on a pu mesurer les effets de l’apesanteur chez les cosmonautes, qui s’apparentaient à un alitement prolongé. Dès lors, l’exercice physique fut préconisé en cas de maladie coronarienne, voire d’insuffisance cardiaque.

Au cours des vingt dernières années, il a aussi été montré que l’exercice physique améliorait l’espérance de vie, en ayant des effets favorables sur le taux de cholestérol, la régulation de la glycémie, la diminution de la surcharge graisseuse… Il est également prouvé qu’un exercice régulier et assez important (équivalent à une dépense hebdomadaire de 2 000 kilocalories) avait un effet préventif sur la survenue de la maladie coronarienne.